| Monsieur Patrick COISMAN Lettre à un ami monteur. Cher Patrick, les mots, dans la peine je le sais, ne sont que maigre consolation mais dans l’épreuve inéluctable de la mort, ils restent le témoignage doux et attentionné de la communauté humaine pour ceux que la douleur étreint. Je te prie d'accepter aujourd’hui les miens. C’est Jean-Antoine, qui m'a prévenu dans l’heure de ton décès au téléphone; nos amis communs de France Télévision, par les réseaux sociaux, quelques minutes à peine plus tard. Cette nouvelle a fait le tour de la toile comme une traînée d'étoiles. Nous t'aimions. Pour ma part, je dois te remercier pour ton affection. Alors que tout le monde, dans les salles de montage, m'appelait "Datto", toi tu m'appelais "Doudou"; "mon Doudou". Quelle marque de tendresse ! Quelle pudeur ! Quels bons moments; quel labeur partagé aussi jusqu’à point d’heure… Dans cette grande bataille pour le droit à l’information télévisée, nous avons ciselé ensemble pendant dix ans les reportages impétueux du magazine Pièces à Conviction qu'il fallait faire, défaire et refaire et re-refaire, pour que coulent limpides les analyses des journalistes jusqu’aux téléspectateurs. C'est cette course farouche pour une télévision de qualité à laquelle je rends également hommage à travers toi. Tu t'y sentais à ta place. Nous y étions tous soudés aux côtés des équipes de rédaction : Olivier notre réalisateur, les musiciens, les autres monteurs, les techniciens ; tous tendus vers cette même cause tacite; la raison même de notre engagement. Tu as fini par passer la main. Nous la passerons tous. D'ici là, les souvenirs resteront intacts: ta carrure, ton calme, ta pugnacité, ta voix de tonnerre ; ton rire qui nous manquent déjà… Je n’ai pu me déplacer aujourd’hui jusqu’à toi pour ce dernier salut fraternel mais en pensées, et par la voix de notre amie Magali, je suis, à l'heure dite, à vos côtés. « Je ne pouvais pas d’une façon ou d’une autre ne pas y être ! » Permets-moi enfin Patrick, au nom de tes amis de Pièces à Conviction, de présenter à Nicole ta compagne, vos filles et vos familles endeuillées, l'expression de nos plus affectueuses condoléances. Quant à nous deux, il est fort probable que nous nous recroiserons, avec ou sans scalpel, autour d’une assiette de mayonnaise frites, à la cantine de l’une des chaînes satellitaires du ciel. Ton Doudou. Dominique Dattola
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